Le fruit que nous mangeons n’est pas forcément le fruit des botanistes. Rappelons-nous, le fruit en botanique est le résultat de la transformation du pistil d'une fleur après sa fécondation. Pour le botaniste, pour être taxé de vrai fruit (ou fruit simple), il faut nécessairement que celui-ci provienne de la transformation du seul ovaire (la base renflée et creuse du pistil, qui contient les ovules).
La cerise (ou sa version sauvage, la merise) par exemple est un vrai fruit botanique : le pistil de la fleur (flèches rouges ci-dessus) se transforme en une belle cerise charnue, contenant une graine (photos ci-dessous). Celle-ci provient de la transformation d'un ovule après la fécondation de la fleur, ovule qui se trouvait contenu dans l'ovaire creux. Dans le cas de la cerise, la graine est en plus contenue dans un noyau, formé par la paroi interne de l’ovaire qui devient dure comme du bois lors de la transformation. Paroi charnue + noyau, une double protection pour la graine ! Et le gage de voyager loin, bien protégée des sucs digestifs du mangeur de cerises, si le noyau est gobé en même temps que la chair...
Mais parfois, d’autres pièces florales s’en mêlent, comme le réceptacle floral sur lequel sont accrochés les sépales, pétales, étamines et carpelles dans la fleur. Alors ce n’est plus si simple : le fruit qui se forme est un fruit complexe, un « faux-fruit » qui abrite les vrais (… les simples). Vous me suivez ?
Prenez la pomme. Vous pensez croquer un fruit en y plantant les dents, n'est-ce pas ? Et bien non ! La pomme n'est pas un fruit, c'est un "faux-fruit" ! Le vrai fruit, celui qui est issu de la transformation du pistil après fécondation, c'est juste le trognon de la pomme, coriace et immangeable. Il est creusé de cinq cavités correspondant aux cinq loges ovariennes du pistil d'origine. D'ailleurs, en coupant la pomme par l'équateur, vous y verrez toujours une étoile centrale à 5 branches. Dans chaque cavité, il y a un pépin, c’est-à-dire une graine, ovule transformé après la fécondation. Les ovules se trouvant dans l'ovaire (base du pistil), cela explique comment les pépins entrent dans les pommes !
Les murs des loges ovariennes sont durcis, ce qui rend le trognon résistant sous la dent. Mais alors, que mange-t-on en croquant la pomme si ce n'est pas un fruit ? La chair de la pomme, juteuse, sucrée, est due à la participation du reste de la fleur dans la transformation après fécondation. C’est le réceptacle floral qui enfle et se gorge d'eau, de sucres et de bon goût. La pomme est donc un fruit complexe.
Avant la formation de ce faux-fruit, le pistil de la fleur de pommier était enfoncé dans le réceptacle floral en forme de coupe profonde : sur la planche botanique ci-contre, sur la fleur débarrassée de ses pétales (à droite), on a matérialisé le point d'insertion de la base du pistil, donc de l'ovaire, par un trait rouge et celui des autres pièces florales par un trait bleu. L'ovaire s'enfonce donc en dessous des autres pièces florales, voilà ce qu'on appelle un ovaire infère ! (voir de même la nèfle, ICI). Au passage, les flèches rouges pointent les 5 extrémités du pistil car celui-ci est formé de la fusion de 5 carpelles élémentaires.
Lorsque le trognon, vrai fruit issu de la transformation de l'ovaire à 5 loges, se forme, il se retrouve alors enfoncé et adhérent au réceptacle floral qui devient, lui, la chair de la pomme. Ce type de fruit complexe est un piridion, "petit sac" en grec, une sorte de "besace" solide à pépins !
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