Et non, une "pomme de pin", ça ne se mange pas, parce que bien sûr, ça n'est pas une pomme ! Le vrai nom de la "pomme de pin", c'est le cône. Et parce que le pin, le sapin, l'épicéa (ci-dessus, Picea abies), etc... portent des cônes, ils font partie des conifères.
Mais est-ce un fruit quand même ? Pas au sens botanique ! Le fruit, le vrai fruit est le résultat de la transformation, après la fécondation, de l'organe femelle de la fleur, son pistil formé d'un ou plusieurs éléments de base que sont les carpelles. Chaque carpelle est creux comme une bouteille d'Orangina et son ventre (l'ovaire) renferme les ovules. Chaque ovule est une sorte de mini-boîte contenant les cellules sexuelles femelles de la plante.
Après la fécondation de la fleur, les ovules se transforment en graines et les carpelles en fruits. Il y a donc des graines dans les fruits, puisqu'il y avait des ovules dans les carpelles de la fleur, et seules les plantes qui ont des fleurs font des fruits !
Or le conifère ne forme pas de fleurs mais des cônes ! Ses branches portent deux types de cônes : des cônes mâles qui fabriquent du pollen (petits et fragiles, ils sont éphémères et ne durent que quelques jours ou semaines) et des cônes femelles constitués d'écailles dures comme du bois insérées le long d'un axe. Ces cônes femelles, les "pommes de pin", durent sur l'arbre longtemps. Chaque écaille dans un cône femelle porte deux gros ovules à sa surface qui se transformeront en deux graines ailées (voir la photo du cône d'épicéa ouvert et les deux traces qu'ont laissé les deux graines ailées sur les écailles). Comme les ovules ne sont pas enfermés dans des carpelles, ils sont dit "nus". Pas de carpelle chez les conifères, donc pas de fruit ! mais des ovules sur les écailles des cônes femelles, donc des graines dans les fameuses "pommes" de pin !
Et chez le pin, pourquoi voit-on des cônes différents sur les branches ? Des plus verts, des très bruns, des fermés, des ouverts, des petits, des plus gros ?
Ce sont tous des cônes femelles mais d'âge différent. Ils ont tous une année d'écart : Les plus petits (indiqués par la flèche orange sur la photo) sont les plus jeunes, les cônes formés au printemps (on les appelle aussi "cônes de l'année").
Un peu plus bas sur cette même branche se trouvent des cônes de taille moyenne, un peu plus gros, aux écailles très serrées et collées entre elles, souvent de couleur verte (flèche bleue). Ce sont les cônes de l'année précédente, dits aussi "cônes de 2ème année".
Enfin, les cônes les plus gros et les plus bas sur la branche sont bruns, lignifiés (= "durs comme du bois"). Ce sont les plus vieux ("cônes de 3ème année", flèche verte).
Les cônes de l'année sont toujours de petite taille et formés d'écailles claires, étroitement appliquées les unes contre les autres. Ces écailles portent les ovules en cours de maturation (flèches rouges sur la photo ci-dessous, Pinus sylvestris, le pin sylvestre).
Ces petits cônes sont pollinisés au printemps par les grains de pollen libérés par les cônes mâles des pins voisins (de tout petits cônes jaunes, débordant d'une poussière jaune de pollen... voir photo ci-contre). Ils sont transportés par le vent et déposés au bout des écailles entrouvertes du mini-cône.
Dans les cônes de deuxième année, les ovules ont été pollinisés au printemps de l'année précédente et achèvent leur maturation pour que leurs cellules sexuelles femelles soient prêtes à être fécondées. Les grains de pollen, pénétrés dans le petit cône l'année d'avant, achèvent alors leur tâche, celle amener les cellules sexuelles mâles qu'ils contiennent jusqu'aux cellules sexuelles femelles dans les ovules. Il y a fécondation lorsque les deux types de cellules sexuelles fusionnent et un embryon (un jeune pin) commence son développement dans la graine en construction. Dans ces cônes de taille intermédiaire, le reste de l'année permet la maturation des graines, par transformation des ovules fécondés.
Et enfin, fin de l'histoire ! Les cônes âgés, les plus gros, ceux de troisième année, s'ouvrent complètement en écartant leurs écailles. Ils libèrent leur précieuse cargaison, deux graines ailées matures que porte chaque écaille.
Cette aile membraneuse permet à la petite graine de planer dans les courants d'air et poussée par le vent, de tomber un peu plus loin de l'arbre-mère. Si les conditions sont bonnes et si la graine est viable, elle germera et formera une petite plantule, promesse de grand conifère.
La reproduction du pin est donc complexe et s'étale sur deux années entières, avec la succession de 3 stades de maturation des cônes femelles. Les cônes mâles sont eux fabriqués chaque année et ne vivent que quelques semaines.
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