Koicédon ? C'est l'intérieur d'une plante qui pousse dans les lieux humides, prairies, zones tourbeuses, mais aussi tout simplement au bord de la mare derrière chez vous, ou encore dans le fossé sur le bord de la route...
Quelle plante ? Un jonc !
Les joncs sont des plantes à la floraison discrète. Ici le jonc diffus (Juncus effusus, Joncacées), qui pousse dru, en touffe, dans les lieux humides. C'est sa tige verte et cylindrique que l'on a coupée et observée au microscope.
Cette tige est dite "compressible", car elle s'écrase facilement entre deux doigts. Pourquoi ? Parce que sa moelle (le tissu intérieur qui remplit tout le cœur de la tige) est large et constituée de cellules toutes petites, en forme d'étoiles qui se tiennent par le bout des bras.
Sur ce cliché pris au microscope, on voit aussi un "petit visage" étrange qui nous regarde de ses 2 gros yeux clairs... C'est une nervure de la tige de jonc. Elle transporte l'eau (la sève brute) et les sucres (la sève élaborée) à travers toute la plante.
La moelle étoilée, typique du jonc, grâce à ses cellules aux longs bras, constitue une zone où l'air circule facilement dans les trous délimités entre les branches des étoiles. Ce tissu aéré, un vrai labyrinthe de galeries remplies de courants d'air, est appelé aérenchyme (ou parenchyme aérifère, littéralement "qui porte l'air").
Et cet aérenchyme, toutes les plantes aquatiques, celles qui vivent dans l'eau complètement immergées (hydrophytes) ou les pieds dans l'eau et la tête à l'air libre (hygrophytes, et même hélophytes, du grec helos = case, quand les pieds sont fichés dans la vase) comme le jonc, en possèdent. Un autre exemple ci-dessous, la feuille du rubanier (Sparganium sp. Typhacées).
Le rubanier est cousin avec les massettes (les "roseaux" aux quenouilles brunes) qui poussent dans les zones humides. Tous ont aussi les pieds dans l'eau et les feuilles dans l'air.
Difficile de vivre dans ce milieu saturé d'eau lorsqu'on est une plante aérienne qui respire de l'oxygène gazeux (de l'air...) comme un homme ! Alors, une adaptation est primordiale pour survivre, celle de faire circuler de l'air des feuilles aériennes jusqu'aux racines enfouies dans l'eau et la vase. Pour cela, d'innombrables logettes remplies d'air tapissent l'intérieur des feuilles. Un véritable poumon pour la plante, qui lui permet de ne pas mourir noyée !
Toutes ces plantes à fleurs hydrophytes ou hélophytes sont des plantes retournées secondairement à l'eau au cours de l'évolution, l'équivalent des cétacés qui sont des mammifères terrestres retournés eux aussi secondairement à l'eau. Rubaniers/joncs et baleines... même combat !
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